La Colline 30 est loin, très loin…La guerre, c’est moche…Tout le monde le sait, et ce n’est pas l’histoire de l’Europe qui nous fera démentir cela. Mais la guerre est aussi le décor de grandes histoires où tous les sentiments s’entrechoquent: colère, peur, tristesse, joie; mais aussi le théâtre du courage et de l’héroïsme des hommes. Bien sûr, comparé à l’atrocité de l’évènement, c’est une très maigre consolation, mais cela reste dans les mémoires au même titre que les massacres de cette période noire de l’Histoire Ce sont ces sentiments que Gearbox veut nous faire ressentir avec Brothers in Arms: Road to Hill 30. Il ne faut pas chercher trop loin pour trouver une référence cinématographique. En effet, le rapport avec l’excellente série télévisée « Band of Brothers » ne fait aucun doute, et le théâtre de l’histoire, la Normandie, ne fait que le renforcer… Frères d’armes Vous êtes le sergent Matt Baker de la 502ème division aéroportée, et vous commandez à contrecœur une escouade de 13 hommes, prêts à sauter au-dessus de la campagne Normande près d’Utah Beach quelques heures avant le Jour-J, comprenez le débarquement des troupes alliées sur les plages de Normandie. Mais la première scène du jeu prend place à J+7, lors d’une contre-attaque allemande sur la célèbre colline 30, où vous et vos hommes sont en très mauvaise posture. Cette vision de l’avenir fait directement réfléchir le joueur sur l’avenir de la petite troupe qu’il commande, et l’implique de suite dans la tâche qui l’incombe: réussir ses missions bien sur, mais surtout protéger ses hommes. Durant cette histoire, l’implication du joueur voulue par les petits gars de Gearbox se montrera sous diverses formes: un chargement au dernier point de sauvegarde lorsqu’un de ses hommes est abattu de par une mauvaise décision, des assauts inconscients suites à la mort d’un membre de l’escouade, etc… Bref, le joueur sera plus ou moins attaché à ses hommes, à moins d’être vraiment immoral et/ou avoir un coeur de pierre. Sur ce point, Gearbox a parfaitement réussi sa mission. Un poil de tactique dans ce monde de brutes BiA est un FPS tactique, ce qui implique bien sûr une vue à la première personne comme dans tout bon FPS, mais aussi, et c’est l’aspect principal du jeu, un système de gestion des troupes, un peu à la manière de Ghost Recon ou autre Socom. Le principe est simple mais diablement efficace: selon la mission vous contrôlez un nombre défini d’hommes, pouvant aller jusqu’à 5. Ceux-ci sont divisés en groupes selon leurs compétences: appui feu ou assaut. Les ordres à donner sont simples: repli/à couvert; suivre; se déplacer vers; tir d’interdiction (couverture); assaut. Ils sont aisés à exécuter, le plus « compliqué » (assaut) ne faisant appel qu’à deux touches simultanément (L1+R1). Autre aspect stratégique: les ennemis. Ils ne sont pas plantés ici et là dans le décor, mais agissent d’eux-mêmes sur certains points. Que l’on soit clair, ne vous attendez pas à une IA digne des Hellgast dans Killzone, mais celle des troupes allemandes est tout de même assez développée. Un icône circulaire se trouve au-dessus des ennemis présents dans la zone de combat ET impliqués directement dans l’action qui est en train de se dérouler. Cet icône représente leur moral. Lorsque celui-ci est rempli de rouge, le moral de l’ennemi est au beau fixe, celui-ci agira donc en toute sérénité, vous attaquant à découvert avec une précision parfois redoutable (bourrins, s’abstenir). Mais si vous demandez, par exemple, à vos hommes de faire un tir de couverture, le moral de l’adversaire baissera, ceci représenté par l’icône qui vire au gris/blanc. Alors, celui-ci préfèrera rester à couvert, vous permettant ainsi, par exemple, de le prendre à revers sans risquer de vous prendre une balle bien placée de sa part. Pour mettre en place vos tactiques, une pression sur « select » dévoilera une vue aérienne vous montrant la position des différents acteurs: vous, vos hommes, et vos ennemis. De plus, cela vous permet d’étudier la configuration du terrain (murets, chemins permettant de contourner l’ennemi, point d’embuscades etc…). Pratique, et vous en aurez besoin tant certaines parties sont difficiles! Un armement d’époque, pour plus de réalisme… Là aussi, un des points novateurs du jeu. Contrairement aux autres FPS historiques, et par souci d’implication du joueur, il n’y a pas d’indicateur de visée! Une croix est bien présente lorsque vous vous déplacez, mais, lors des escarmouches, il vous faut presque impérativement user de la touche R3 pour enclencher la vue « visée », durant laquelle votre personnage met son fusil à l’épaule, et la vue se résume à la butée de votre fusil qui permettait aux soldats (aux vrais) de viser (en l’absence de fusils snipers bien entendu). De plus, la visée sera plus difficile si vous venez de courir pendant un certain moment, auquel cas il vous faudra patienter quelques instants de façon à ce que votre souffle se stabilise et permette ainsi une visée un peu plus précise. Les premiers essais sont frustrants! N’espérez pas enchaîner les headshots, ici ce n’est pas le tir au pigeon, c’est la guerre, et vos armes ne sont pas des missiles à tête chercheuse, alors un conseil, concentrez-vous! Il est assez frustrant d’enchaîner les chargeurs sur un ennemi bien visible faute à une précision médiocre des armes, mais une fois bien entraîné, ce soucis devient un atout, plongeant encore plus dans le réalisme. Les armes ne sont pas extrèmmement variés, mais correspondent aux plus célèbres de l’époque: M1 Garand, BAR, STG44, K98, Panzerfaust, grenades…les réjouissances de ce temps. A noter que les armes peuvent être ramassées sur les cadavres, et que seules deux armes peuvent être portées (réalisme, réalisme…). Durant quelques missions, un ou plusieurs chars prendront place dans votre escouade, que vous dirigerez comme vos troupes au sol. Vous pourrez également monter dessus afin de diriger la mitrailleuse. Les chars sont puissants, mais cela vaut aussi bien pour les Shermans américains que pour les Panther et Tiger des Panzerdivision, donc prudence! Une ambiance…adéquate! Toujours par souci d’implication du joueur, aucune musique d’ambiance n’est prévue durant les niveaux, vous n’aurez que pour fond sonore le grondement des canons au loin, le bruit des explosions, les échanges de tirs, le vrombissement des bombardiers…bref, la guerre, simplement la guerre. Le niveau graphique, s’il n’est pas exceptionnel, laisse entrevoir tout de même de belles choses. Le rendu de l’eau est très beau, et les marécages du bocage Normand en profitent. De même, beaucoup de verdure (arbres, haies etc…), bien modélisée. Les visages des soldats sont eux aussi assez fins et bien animés lorsque l’un d’entre eux prend la parole. Enfin, les couchers de soleil sont tout bonnement magnifiques (mais là, c’est la guerre, alors on flâne pas sergent!). On regrettera tout de même le manque de variété des paysages, même si l’histoire se déroule uniquement sur le front Normand. En tout cas, on ne reprochera pas à Gearbox de ne pas avoir reproduit fidèlement les lieux, et cela, pour l’immersion, c’est primordial. La guerre, c’est dur… Qu’on ne se le cache pas, BiA est, pour les niveaux de difficulté élevés, vraiment difficile. Même en Normal, impossible d’y aller comme un sauvage l’arme à la main, c’est la mort directe! De plus, n’espérez pas trouver des trousses de soins, il n’y en a pas!. La visée, comme dit précédemment, est compliquée à maîtriser, ce qui vaut de nombreux moments de frustration: on se rapproche, on atteint pas la cible, on se rapproche encore, puis encore et PAF! Une balle dans la tête, le sergent Baker n’est plus! Et cela arrive assez souvent! Le comble, ce sont les mitrailleuses. Vous allez un peu vite sans apercevoir la mitrailleuse allemande installée près de vous, et c’est une mort assez rapide qui vous attend (même avec la santé au max!). Le mode Authentique, le plus difficile du jeu, n’octrois même aucun checkpoint durant les niveaux! Bien sûr, tout ceci convient, encore une fois, au réalisme, mais peut nuire au plaisir de jeu si le joueur n’adhère pas au principe. Se prendre au jeu, voilà ce qui définit l’intérêt de Brothers in Arms. En effet, si vous accrochez, vous passerez outre les gênes occasionnées par la visée, la difficulté, mais, et surtout, vous vous accrocherez à la vie de vos hommes, et ressentirez des émotions en les voyant tomber au combat. Et c’est là la force du jeu: l’immersion dans cet univers de guerre si spécial, et l’implication complète. Par contre, si vous n’adhérez pas au système de jeu, il en résultera des prises de tête lors des échanges de tirs, des bris de manettes lorsque les morts se succèdent. Néanmoins, Brothers in Arms est un bon titre, qui propose une alternative intéressante aux Medal of Honor et autres Call of Duty, proposant pas mal de stratégie et beaucoup de réalisme. On écrase pas l’armée allemande tout seul… |
Verdict |
+ Les plus- Les moinsRéalisme Immersion émotionnelle Système de visée Scénario Ambiance Gestion de l’escouade Environnements peu variés On peut ne pas accrocher Système de visée Difficulté |
Le mot de la fin |
Doté d’une durée de vie raisonnable, notamment grâce au mode multijoueur en écran splitté ou en ligne, Brothers in Arms est un titre original dans la masse de FPS historiques. La difficulté est assez élevée, mais l’expérience de jeu est bien là: Gearbox réussit avec brio l’immersion presque totale, avec un réalisme assez poussé. Un titre réservé néanmoins aux joueurs assez patients, car la maîtrise du système de visée est assez compliqué |