Aaah Final Fantasy IV ! Un pilier du RPG qui en son temps avait marqué les esprits pour son scénario dramatique et conflictuel hors-norme… Il est ressorti au Japon sur DS et en 3D, histoire de nous faire (re)découvrir une des plus belles histoires de la saga FF.
Mais ce qui finalement est intéressant, c’est que le hasard a fait qu’on s’attarde à un jeu de 1991, époque qu’a censé voulu représenté un certain Lost Odyssey… Et bien justement, quoi de mieux que de se faire un jeu sorti en 91 réédité en 2007 ?
L’anti-héros deviendra grand
Revenons sur le synopsis de Final Fantasy IV. Vous incarnez Cecil, un « chevalier noir » à la tête de l’Escadron Rouge, aux ordres du Roi de Baron qui a pour mission de récupérer le Crystal d’eau du village de Mysidia. Le Roi demande à son guerrier de récupérer ce crystal par la force si nécessaire…
Malgré que notre héros pas très moral ait accompli sa tâche, il est tracassé et « ose » demander des comptes à son Roi… Évidemment, remettre en question l’autorité d’un type, ça passe jamais et Cecil est déchu de son rang. Toujours aveuglé par l’autorité de son Roi qui n’hésite pas à massacrer des innocents pour des Crystaux, Cecil accepte un service contre son retour dans la cavalerie.
Il doit déposer un paquet au village de Mist et là c’est le drame, le paquet explose et détruit le village ! Complètement trahi (quoique votre perso est encore trop con pour le voir), Cecil se retrouve seul et va rencontrer petit à petit de nouvelles personnes pour retrouver son Roi…
Primo, le scénario fonctionne toujours autant en 2007. Là comme ça, de mémoire, on a pas encore re-vu un tel personnage manipulé de la sorte, qui commet des atrocités et dont le joueur a la charge de faire vivre à travers sa console… Et dès le départ, on est obligé de se lier avec cet anti-héros attachant et pitoyable à la fois car si Cecil est de classe « Chevalier Noir », il est surtout couillon et jamais vous ne le verrez agressif… Ce qui expliquera ce qu’il se passera plus tard dans l’aventure (on ne va pas spoiler, tout le monde n’y a pas forcément jouer).
Ensuite, le scénario devient plus conventionnel avec un Roi tyrannique, cupide et sournois et le bien contre le mal mais le plus intéressant est le travail autour du personnage principal qui est mystérieux car ne se dévoilant jamais et en même temps trop naïf pour repérer qu’il est manipulé, lui et d’autres personnages. Il y a un petit jeu sournois dans le scénario qui mise beaucoup sur la mentalité des protagonistes trompés dès le départ dont seul le joueur est réellement témoin… Et ça, ça accroche toujours car toujours bien narré et rythmé. Le début démarre sur de chapeau de roue, nous avons une suite Doute > Conflit > Drame et ce dès le premier donjon finalement… Théoriquement ce genre d’actions vient plus tard… Forcément ça marque.
Mise en scène valorisante !
Si vous avez déjà joué à FF IV sur Snes, PS ou GBA, vous n’avez rien appris là… On passe au principal changement de cette version DS : la 3D ! Raaah… Sujet portant matière à discussion : nos vieux jeux 2D doivent-ils être banalisés en 3D ? On va vous laisser y répondre car ce n’est point le propos.
Le fait est que FF IV DS jouit d’une très belle 3D issu du même moteur que FF III à la différence près que dans FF IV, le joueur ne peut pas zoomer et donc se taper des gros pâtés de pixels mais propose aussi une modélisation plus affiné. En effet, le jeu n’est pas en SD, mais prend des proportions humaines qu’on qualifiera de correct même si on se sentira un peu dérangé par la tête immense qu’ont les personnages de chevalier dont Cecil et Kain… Cependant, on s’y fait car ce n’est qu’un détail qui se perd dans une 3D bien modélisés, avec des tailles de villages et de donjons aussi grands que l’original, bref c’est du tout bon, même si on notera une teinte de couleur assez pâle qui nous empêche d’en prendre plein la tronche !
Mais fort heureusement, la cerise sur le gâteau en matière de graphismes n’est pas le simple copié-collé du moteur de FF III sur un autre épisode, c’est l’ajout de cinématiques entièrement doublées ! Et là, ça donne du cachet par rapport au jeu original. Le scénario étant tout simplement une très belle dramaturgie épique, l’ajout de cinématiques en temps réel (mais profitant d’un ajout de lumière pour épaissir le graphisme et éclairer ces bouilles tourmentées) permet ainsi de réellement de se plonger dans cette histoire et renforce aussi la personnalité des personnages.
Chose tout sauf négligeable puisque si en 2007, la technologie ne peut pas renforcer les émotions d’un jeu de 91 on ne le fera jamais…
Les doublages sont aussi d’une excellente qualité, assez impressionnant pour une DS et tout ce petit monde se trouve réellement avec un caractère unique. Petite note : la voix typique du jeune ado « shonen » qui est attribué à Cecil est en total décalage avec son chara design… Mais colle bien mieux avec son caractère, moins perceptible que l’aventure originale.
Par ailleurs, les musiques profitent des qualités sonores de la DS (bien supérieurs que la Snes hein) et nous permettent de nous plonger dans les superbes compositions majoritairement mélancoliques de Uematsu qui nous aide à nous transporter dans cet aspect latent et dramaturge du scénario. Mélangé à cette nouvelle mise en scène, on est bluffé pas par un côté « spectaculaire » mais par un côté « crédible », l’image et le son sont réellement unifiés ici grâce aux mises en scènes qui illustrent bien l’histoire, elle même illustrée par la musique, alors qu’avant, la barrière technologique nous empêchait de réellement sentir les émotions, seuls les musiques faisaient passer ce message. Ici, elle n’est plus « seule » mais forme une belle harmonie avec l’univers du jeu.
Du coup, c’est ici que le portage se justifie. On ne reviendra pas sur les raisons commerciales de ce portage, mais le joueur y trouve réellement intérêt et c’est surtout ce qui compte.
Vieux Gameplay mais bien rythmé
Un point extrêmement important aussi : le déroulement du jeu est exactement identique à l’original… Bon point ? mauvais point ? Hééé c’est qu’un remake mais voilà si c’est un remake d’un jeu injouable en 2007, ça ne sert à rien…
C’est certainement le gameplay le moins travaillé de la trilogie Snes. Vous y retrouvez le code classique de la saga de l’époque : action, magie, objet, garde et inverser les positions, quoique ce dernier n’est pas présent sur tous les FF.
Ce qui différencie les personnages, c’est que chacun a ses spécificités ; en plus des actions bateaux énoncées plus haut, chaque perso a au moins une attaque spéciale qui lui est propre, utile en fonction des circonstances. Exemple : l’attaque classique « sauter » pour Kain, augmenter son attaque Dark de Cecil au détriment de la perte continuelle de HP, pour finir sur des choses peut être plus personnelles comme » Se cacher » de Edward ou « Pleurer » pour ralentir l’ennemi de Porom… Bref, les attaques sont assez variées et ce n’est pas parce qu’il y a quoi minimum 4 mages qu’elles sont toutes les mêmes attaques spéciales… Du coup, vos combats seront différents.
Surtout que pendant un bon moment de l’aventure, vous ne pourrez choisir vos compagnons.
D’ailleurs, ça nous amène à quelque chose d’autre d’intéressant. « Dans le temps », les jeux étaient bien plus difficiles que maintenant et FF IV ne faisait exception. Ca n’a pas changé. Le plus dur est quand vous êtes arrivé à un bon niveau et qu’on vous flanque un blaireau comme nouveau perso qui va mourir tous les deux coups… Mais mine de rien, ça nous permet aussi de ne pas nous endormir sur les combats car il faudra toujours surveiller vos personnages qui seront souvent à la merci de l’ennemi si vous la jouer cool et si vous voulez reposer vos magies.
Après tout dépend sa méthode, mais vous entraîner comme un ouf dès le départ ne sera pas forcément récompensé puisque comme dit plus haut, vous ne pourrez choisir vos compagnons, le scénario vous les impose. Il faut donc jouer avec les cartes qu’on vous donne et ça augmente un peu le challenge en coupant aussi la monotonie.
Autre chose, nous avons aussi droit à des donjons assez bien équilibrés puisque rares seront trop longs, vous aurez « ce qu’il faut » pour que qu’à la sortie vous éliminiez les doigts dans le nez vos ennemis avec votre équipe si difficile à l’entrée… C’est qui s’appelle un excellent déroulement de jeu : ni trop, ni moins. Viendra ensuite plusieurs séquences dans les villes-villages avec plus ou moins d’intérêt, dont on a pas réellement besoin de revenir tant ces séquences sont connus de tous. Certains passage sont cruciales, d’autres non, FF maitrise le sujet de la narration puisque rarement on se surprendra à anticiper le scénario ou les scènes cinématiques… Bah oui, Square aurait pu en abuser « parce que ça fait cool quoi ». Bah nan, le déroulement suit l’original et joue sur les évènements émotionnellement cruciales, histoire de sonner juste.
Un petit point sur la gestion des personnages qui reste inchangé évidemment et qui est le point le plus classique… Ce sera notre faculté à gérer les personnages en plein combat qui est déterminant. Pour le reste, vous équipez votre perso de la tête au pieds avec les problèmes habituels : sacrifice pour un bien sur les stats ; gérer son inventaire sera aussi important puisqu’à l’époque les MP se retrouvaient uniquement avec une nuit de sommeil et que les Ether sont très rares et surtout impossible à acheter, bref c’est du vieux mais on aurait peut être tendance à l’oublier, ce qui est assez vicieux puisque la majorité de vos compagnons sont des mages… Ca n’a l’air de rien mais ça vous permet de vous focaliser sur les combats malgré un gameplay aujourd’hui dépassé, le rythme permet d’y être encore pleinement profitable. D’autant plus que l’ATB est ici dynamique, ce n’est parce que votre barre d’action est pleine que le jeu se met en « pause », l’ennemi peut attaquer aussi, donc à vous de jouer rapidement pour avoir le dessus.
Remake qu’à moitié ?
Malgré les qualités indéniables à ce FF IV, il faut soulever plusieurs points. On sera déjà extrêmement déçu de voir que là où FF III était jouable intégralement au stylet, FF IV permet seulement de s’y déplacer et vu que l’on a besoin d’appuyer sur nos boutons d’action régulièrement, ça ne sert à rien. On ne pourra s’empêcher de pouffer de rire ou de consternation de voir qu’une nouvelle fois, nous avons droit à la mentalité « Oooh on est sur DS, il faut utiliser le stylet, ajoutons des mini-jeux ! » Dans FFIV, vous découvrirez une espèce de guide Lapin qui sera présent au quatre coins du monde et dès fois, il vous permettra des choses sympas comme accéder au bestiaire ou accéder à des mini-jeux justement… Franchement, c’est d’une extrême futilité et totalement incohérent avec l’ambiance dans lequel on joue à FF IV… Vous avez droit à des mini-jeux de calculs, de petits jeux ludiques pour pas un rond dans le monde très coloré des Chocobos et Mogs… C’est franchement déplacé et puis, c’est un remake donc bon, on aurait compris sans mini-jeux… Au lieu de s’épuiser à créer ce genre de choses, une optimisation intégrale au stylet aurait été profitable au joueur, dans l’instantanéité et la rapidité d’exécution.
Par ailleurs, on notera une compression vidéo des cinématiques moins fine que FF III, c’est dommage, beaucoup de pixels apparaissent à l’écran gâchant un peu le travail des images de synthèse…
Après, il reste un petit goût assez amère dans ce jeu, c’est qu’il ne nous surprend pas et pis encore on sent dès les premiers instants une vision de copié-collé industrielle et on ne peut s’empêcher de penser que malgré le fait que fondamentalement FF III est nettement en dessous de ce volet, il a réellement été pensé pour la DS : jouable au stylet, re-modélisation et re-design intégral, un jeu sur les zooms (oui en haut j’ai dit que c’était moche) mais qui permettait de donner au joueur l’occasion de « fouiller » les lieux, c’est une chose que tous les anciens FF font faire. Dans FF IV, tous les coffres sont visibles sur la map sur l’écran tactile détruisant cet aspect du jeu. ce n’est pas grand chose par rapport à cette grande aventure mais il y a un petit goût de « facilité » dans le développement, et c’est ce petit goût qui peut relancer le choix du fan :
Rester auprès de l’aventure originale qui est celle pensée de A à Z ? Ou me laisser séduire par une ré-actualisation qui colle parfaitement au jeu portable ?
Ca, c’est à vous de voir.
Final Fantasy IV est un très bon épisode, c’est toujours un fait indéniable et sa puissance émotionnelle et épique a repris du poil de la bête grâce une belle 3D mais surtout un joli effort de mise en scène très dynamique (y a qu’à voir la scène d’introduction de Yeng virevoltant avec un grand nombre de plans en temps limité) et une re-compression de la bande son de très bonne facture, sans compter le doublage japonais excellent et même impressionnant pour cette portable.
De plus, le déroulement du jeu est suffisamment rythmé par divers évènements narratifs ou de gameplay que l’on ne s’ennuie jamais et ce plus de 10 ans après malgré un gameplay brut assez vieillot…
Malgré tout ça, on pinaillera par une mauvaise optimisation : pas de jouabilité stylet et une compression vidéo moins impressionnante que FF III.
Un autre problème subsiste… Le corps de l’article nous a démontré que le réel intérêt de ce remake était de renforcer pleinement la qualité du scénario mais qu’en est-il pour des jeunes joueurs n’ayant jamais touché à ce soft car trop « vieux » pour eux ? Bah oui, ce soft sera vendu en tant que « jeu neuf » donc en tant que « neuf », est-ce qu’il plaira à quelqu’un qui n’a jamais fait ce soft avant ? Tout porte à croire que « oui » puisque le déroulement reste bien équilibré pour ne pas s’ennuyer maintenant, le design global est évidemment vieux (persos, menus)… Pour un public assez particulier tout de même, même si on incite tout de même à tous et à toutes de s’y essayer, d’autant que visuellement, la 3D le rend plus attrayant et un soft dit « ancien » s’apprécie toujours mieux sur portables, soit par petits coups de jeu rapides, nez au plus près de l’écran donc plus d’implication… Bref, c’est terrible mais c’est ce remake de 91 qui est le meilleur « pur » RPG de la DS.