En 2006, le jeune studio allemand FusionSphere nous sortait un click’n play qui s’inscrivait dans la lignée des Broken Sword : fiction basée sur des faits historiques, héroïne très attachante et détachée et énigmes plutôt cohérentes. Il manquait seulement à Tunguska un peu plus de précision pour le scénario qui partait tout de même à l’ouest vers la fin du jeu.
Au final, le verdict était : « très prometteur pour la suite ». Voici la suite : Puritas Cordis.
C’est la Fin du Monde… Allons faire une croisière !
Le jeu débute sur un échange lettré entre deux prêtres partageant leur inquiétude… L’un alertant l’autre qu’il est en danger. Et pour cause, toute une escouade armée à la Sam Fischer (ils ont les mêmes lunettes discrètes) en sont après le prêtre qui détient en sa possession une lettre importante qui pourrait changer le Monde (rien que ça).
Le prêtre meurt mais peut faire parvenir en différé la lettre à un de ses amis.
Une poignée de jours plus tard, nous retrouvons la délicieuse Nina Kalenkov qui a temporairement perdu de son peps puisqu’elle doit se remettre de sa rupture avec Max, son compagnon rencontré dans le premier volet. Pour se remonter le moral, elle décide donc se payer une petite croisière. Mais au moment d’embarquer, une personne du troisième âge l’accoste brusquement lui demandant si elle va sur le bateau, puis s’enfuit et est tué, renversé par un véhicule de transport.
Superbes vacances, d’autant que ses valises seront échangés, son sac à main volé et elle se fera assommé sur le bateau…
Tout débute tout connement et va très très vite partir en sucette. La première chose qu’on regrettera est que le scénario est cette fois, à 100% fictif et ne se base pas vraiment sur des faits historiques avérés ou troubles. Tout est basé sur une secte qui aurait débuté en France, au XVIIème siècle par un certain Zandana. Hélas, pas de trace dans la réalité et c’est donc un premier constat assez dommageable puisqu’on n’aura pas énormément de mystères à révéler puisque tout coulant de source dès la première partie du jeu.
L’élément scénaristique intéressant est que les développeurs se sont basés sur l’enchainement de catastrophes (naturelles ou non) qui ont suivi dans l’actualité pour ainsi faire alimenter une paranoïa aiguë et aliénante chez les protagonistes du jeu. On y mentionne, la fonte des glaciers, les tremblements de terre de plus en plus conséquent, les puits de pétrole en flamme, la maladie en Afrique noire, etc etc.
Ainsi, on peut soulever que c’est l’actualité qui sert de tremplin à notre histoire. Mais c’est malheureusement bien trop mis en retrait au profit d’un classique « gentil/méchant » où les méchants sont repérés dès le début et dont on ne croit absolument pas aux annonces d’Apocalypse.
Ca commence donc pas très bien pour Secret Files 2 qui nous sert un scénario pas bien original et surtout pas bien poussé puisque prévisible à tout moment. On sera aussi déçus que leurs idées de base ne soient pas plus exploités que ça.
3,2,1… Sauvez le monde !
Cette déception scénaristique est aussi poussé par le fait que ce deuxième épisode a bien moins de rebondissements et de localisations que le premier !
Dans Tunguska, miss Nina et Max se baladaient un peu partout : Allemagne, Russie, Irlande, etc avec des décors radicalement différents tout comme des évènements différents. Nina devant se faufiler dans un train lourdement gardé en passant par les égouts ; Max devant faire parler des poivrots en Irlande pour ainsi aller visiter un château en ruines sur une île, bref les situations variées tant sur le plan de l’écriture que visuel étaient bien plus variés et excitantes.
Dans ce second épisode, tout y est plutôt linéaire et d’une traite se résumant à un bateau, une jungle, Paris et l’antre du bad guy,… En sachant que les objectifs sont plutôt identiques et sans surprises : chercher des indices sur la secte pour Nina, sauver Sam pour Max, pour ce qui est du corps principal du jeu.
C’est donc un peu le problème, nos héros ont pratiquement tout sous la main et n’ont pas à faire des voyages insensés ou à se torturer la tête. Ce qui, d’un point de vue scénaristique et intérêt est plutôt décevant puisque le joueur ne sera jamais surpris ou pris à revers. Ce que le premier épisode avait réussi à faire.
Cette impression de « linéarité » et de « simplicité » est renforcé par la plutôt courte durée de vie du jeu : environ 6-7H. Forcément, à partir du moment que le scénario suit son rythme de croisière (c’est le cas de le dire) il ne perdra pas de temps en « doutes » ou « écart du but ». Ce qui est logique puisque dès le début, on a compris l’identité des bad guies prêchant l’Apocalypse.
Le charme des personnages opère toujours
Heureusement, l’interprétation de Nina, Max, et même de Sam (nouvelle venue) est toujours sympathique. Et quand on dit « Sympathie », c’est littérale, pas un mot d’esprit. Ces personnages sont vraiment attachants grâce à leurs doubleurs respectifs (en français) où leur timbre varié, élancé et vivant fait des merveilles. On aura toujours à reprocher quelques décrochages dans les réactions, ou certaines paroles de Nina qui font un peu cruche (genre la citadine qui débarque), mais on dira que c’est aussi son charme car en aucun cas la miss est méchante et donne toujours l’impression d’être avenante.
Et curieusement, on a pas le souvenir d’un personnage de la sorte… Pour Max, c’est un peu la même chose, avec un détachement certain et une nonchalance bien sympatoche.
Puritas Cordis intègre aussi un nouveau personnage (jouable en plus) qui est Sam, une jeune archéologue, ami de jeunesse de Max qui laisse transparaitre un caractère plutôt exubérant et qui s’excite pour un oui ou pour un non (le genre de personne qu’on trouve attachant mais qui peut terminer à nous les briser à la longueur). Sauf que, le personnage n’est pas vraiment développé et aurait mérité bien plus d’attention. Là encore, une bonne idée inexploitée…
Si les persos fonctionnent, c’est grâce à de bons dialogues qui respirent le naturel. Ce ne sont pas des blagues à la Georges, évidemment, mais les réactions humoristiques sont plutôt des réactions naturelles, voir de bons sens vis-à-vis de persos secondaires un peu cons, comme un type qui se prend pour un playboy mais qui est con comme une lunette de chiottes… Forcément, les réactions de Nina sont plutôt agressives et drôles. Voyez le genre ?
C’est cette spontanéité qui fait le charme des personnages et qui par conséquent a un capital sympathie gonflé à bloc permettant de mettre en retrait une histoire pas bien complexe.
Plus évident, moins ambitieux
Évidement, un jeu vidéo, ce n’est pas qu’un scénario et un doublage… Sinon, on se materait des films, c’est plus rapide… Vous avez sans doute compris que le gameplay était identique au premier volet. Du click’n play classique donc avec action pour click gauche et examiner avec click droit. Les aides sont toujours présentes mais toujours en option heureusement. Ces aides prennent la forme d’une indication de tous les endroits cliquables à l’écran.
Une autre aide est possible si vous vérifiez votre « journal » où on vous fera comprendre ce qu’il faudrait faire. Ca peut être utile, si vous avez du mal, mais le jeu est désormais bien plus clair. Déjà, le premier épisode s’en tirait plutôt pas mal dans la cohérence malgré des objectifs complètement dingues et pas bien compréhensibles. Mais ici, point de problème d’objectif, c’est plutôt clair. Le truc est que l’on comprend rapidement chaque petite action que l’on doit faire. Ex : on reprend l’exemple du playboy prétentieux qui ose demander à Nina de lui trouver une crème de bronzage identique au sien. On prend son tube et de suite, on a compris qu’on allait le remplir avec quelque chose de similaire… Donc pour le coup c’est plutôt cohérent et instinctif. Une excellente chose.
Mais, car « mais » il y a toujours des « mais » de toutes façons. Mais, on sent que les énigmes manquent d’ambition, manque un peu de folie… C’est toujours la difficulté pour un click’n play, de trouver un équilibre entre challenge corsé tout en restant cohérent et donc accessible.
Ici, ça manque un peu de « corsage » on va dire et les principaux problèmes rencontrés proviendront de puzzles. Chacun ses goûts mais la technique du puzzle pour meubler l’aventure est tout de même une ficelle très grosse et ici, elle est utilisé plus d’une fois.
Là encore, témoin d’un manque d’ambition dans l’écriture des énigmes. Et puis, scénaristiquement ce n’est pas vraiment crédible, comme « retrouver des pierres bleues qui ont servis à la construction de bâtiments dans Paris, pour ouvrir un mécanisme au sous-sol d’une abbaye détruite »…
On doit forcément parler des graphismes ? On a envie de prononcer un simple « RAS » tant le jeu est très très proche du premier opus avec ses décors en 2D pré-calculé et ses polygones incrustés.
On pourra noter, une meilleure incrustation des personnages grâce à un jeu de lumière plus subtile, ainsi que certains décors vraiment réussis, comme la jungle. Bien que dénué d’originalité, m’enfin tout jeu d’aventure doit avoir son niveau dans la jungle : passage initiatique.
L’intérêt est que le jeu vous pompera bien peu de ressources tout en gardant une qualité visuelle certaine. Une bonne optimisation est toujours un bon point, même pour un click’n play.
Musicalement, en revanche, c’est nettement moins mis en avant malgré un thème principal plutôt haletant et remuant tout en gardant un certain mysticisme. On retiendra surtout les dialogues, déjà bien glorifiées plus haut.
Secret Files 2 : Puritas Cordis est tout de même une demi-déception… Alors que suite au premier épisode, on attendait un travail scénaristique plus appuyé, poussé, long et cohérent, c’est pratiquement l’inverse qui se produit avec ce second volet.
Plus court, plus simple, plus prévisible, moins varié… Le scénario de ce Secret Files n’est pas bien passionnant en soi. Heureusement, la vivacité des personnages est un tout non négligeable qui nous parviendra toujours à prendre plaisir au jeu, du début à la fin.
Le plaisir est là, les énigmes s’enchainent avec logique, c’est plutôt beau et agréable à l’œil, on a là un click’n play bien sympathique. Mais, au vu du premier épisode, on avait entrevu des bases pour une série plutôt grandiose et au final, on stagne avec ce deuxième épisode qui prend même un coup de moins bien de part son scénario linéaire, rapide et évident.
Mais, Nina est trop sympa, Max est cool, donc on attend quand même un troisième épisode !