Sept ans ! Sept ans qu’un jeu désigné comme chef d’oeuvre par les joueurs imports nous était globalement inaccessible… Sept ans à avoir perdu de vue ce soft. Jusqu’à ce qu’une étincelle survient. Le remake sur PSP. Et là, c’est magique, les français vont enfin découvrir ce grand RPG que beaucoup ont déjà adulé. Je parle bien sûr de Valkyrie Profile. Nous ne tournerons pas autour du pot… Ce jeu n’a pas pris une ride.
Un RPG qui casse les codes du genre
Vous êtes Lenneth, une jeune Valkyrie qui a pour but de ramener des âmes guerrières au seigneur Odin en pleine guerre à Asgard pour cause de l’avènement du Ragnarok, destruction et renaissance de toute vie.
Lenneth est donc envoyé sur la terre des hommes, Midgard pour ramener des guerriers à votre dieu.
De suite, le synopsis vous introduit le gameplay. Ici, pas de « jeune héros qui s’en va en guerre et parcours le monde ». C’est presqu’à l’envers. Vous êtes une déesse et en temps que telle la carte de Midgard vous est accessible entièrement dès le départ du jeu. Vous pourrez vous rendre où vous voulez, il n’y a pas de limites puisque vous volez. Mais l’objectif n’est pas de se balader mais de recruter des guerriers. Pour ça, vous devrez utiliser votre ouïe et votre coeur en scrutant le monde qui vous entoure par simple pression de « start ». En se concentrant, Lenneth va repérer un par un des endroits où des évènements intéressants.
Destination en vue, vous irez pour assister à l’histoire de votre futur guerrier, la raison de sa mort entre autre et le recrutement de la déesse. C’est comme ça que vous glâner des personnages pour combattre. Alors Odin n’acceptant pas des gros blaires qui vont mourir en deux pichenettes, il vous faudra entraîner ces gaillards et vous devrez rechercher des donjons par la même technique pour les recrus.
Ce qui en fait un jeu très libre. Car vous pouvez repérer un donjon, vous n’êtes obligé de le faire, même si c’est conseillé certes mais pas obligé. Vous pouvez enchainer les recherches jusqu’à épuisement si vous ne voulez pas vous faire guider. En ce sens, l’exploration de Valkyrie Profile va vraiment à contre-sens des RPGs plus traditionnels.
Dépendance d’Asgard
Seulement, vous n’êtes pas non plus lâché dans la nature. Le temps qui s’écoule sur notre terre n’est pas la même qu’à Asgard alors en guerre. Vous avez donc un temps limité pour devenir très fort et recruter un maximum de héros avant l’ultimatum : le Ragnarok, la grande bataille finale.
Ce temps n’est pas symbolisé par l’heure de votre console par exemple mais est séparé en 8 chapitres, eux-même séparés en plusieurs périodes (une vingtaine, c’est assez flexible).
Un aller dans une ville, vous coûte une période, un donjon vous en coûte 2 et un évènement important vous en coûte 3. Et dès que vous aurez utiliser votre vingtaine de période, vous aurez droit à un rapport de la déesse de la fertilité Freya, qui est votre guide, que ce soit dans les rapports inter-chapitres ou le tutoriel du début qui vous aide à comprendre le principe exclusif.
Du coup, vous avez certes de la liberté mais un temps limite et si vous passer votre temps à trainasser, Asgard sera détruit et vous aurez un magnifique Game Over. Il faut donc prendre la liberté que vous avez pour recruter (au début du jeu, deux persos par chapitre) vos héros, puis de les entraîner et enfin les envoyer auprès d’Odin.
Car oui, sur la map vous pouvez (devez) choisir un personnage ou deux de votre équipe pour le « transférer » sur la terre des dieux pour qu’ils soutiennent le seigneur en pleine guerre, ainsi ils continueront à développer leur potentiel pendant que vous partiez à la recherche d’autres guerriers, il n’y a pas de retour possible par contre, il faudra donc bien gérer quels persos vous n’avez pas ou peu besoin.
Parce que pour « compliquer » la chose, on vous demandera certaines caractéristiques de personnages. Par exemple, si on vous demande un archer mais que vous l’aviez donné plus tôt, c’ets pas de bol… C’est pas la fin du monde car il ne faut pas non plus respecter à 100% les demandes mais bon si on veut faire les choses à fond, il y a une certaine angoisse à devoir se séparer de personnes importantes. Par ailleurs, un seul « game over » est disponible : si vous désobéissez à Odin provoquant la chute des vôtres car si vous tombez sous la force d’un ennemi, vous reviendrez sur la map avec vos points de vie (mais des périodes en moins).
Là encore, tout est très différent d’un RPG classique ce qui est agréablement surprenant bien qu’un petit temps d’adaptation sera nécessaire au début pour comprendre les mécanismes encore inconnus chez nous.
Des Héros flexibles
Depuis tout à l’heure, on parle d’évolution dans le vide, nous y voilà. Il y a plusieurs choses chez les personnages à faire évoluer.
Les stats des personnages et le niveau sont eux repris des RPgs classiques, pas de problèmes là-dessus, vous combattez, vous gagnez, vous glanez des XPs puis monter de niveau.
Mais vous gagnez aussi des points de compétences à répartir dans divers « techniques », soit utilisables en combat, soit du potentiel latent toujours actif.
Tout d’abord, il faut que sachiez si vous décidez que votre guerrier sera envoyé là-haut. Si c’est le cas, ce guerrier se doit d’être un « héros » hors-pair. Pour cela, il y a un tableau « Hero Value » qui répartie plusieurs traits caractéristiques du personnages (loyauté, sacrifice, amour, peureux, etc etc) et plus son chiffre héroïque est grand, plus il sera efficace à Asgard, il vous faut donc combler un maximum les traits de chaque perso pour qu’il ait une valeur suffisamment utile aux troupes Ases (Odin). C’est déjà une chose car plus vous envoyez des personnages compétents, moins la fin sera difficile…
Puis il faudra aussi faire évoluer les « skills » (techniques) des personnages avec différents effets, comme « force », « intelligence », « magie », « réflexes » qui ont des répercutions sur certaines actions du jeu. Que ce soit dans les combats que vous ferez où dans les missions que votre personnage accomplira aux cieux, c’ets pour ça qu’il faudra accomplir les souhaits donnés (ex : un guerrier fort en « intelligence », « sens de la tactique » et « potentiel leader »). Et étant donné qu’il vous sera difficile d’être balèze sur la dizaine de caractéristiques, il faudra choisir lucidement.
En gros, vous avez le choix de faire comme bon vous semble mais l’imposition des dieux vous donnera le choix d’obéir à leurs directives ou être libre comme le vent.
Combats libres et dynamiques
Quand vous entrez dans un donjon, vous voyez vos adversaires, libre à vous de les affronter ou non, on va noter que si vous les attaquez en premier vous aurez l’avantage du tour.
Car nous sommes bel et bien dans un système de combat tour à tour mais là encore loin des classiques choix d’actions perso par perso. Vous choisissez quel personnage débutera l’attaque en premier, où deux en même temps, ou trois ou quatre… Le tour à tour s’effectue de la sorte : le groupe d’ennemis enchaîne, puis à votre tour d’enchainer les quatre personnages d’un coup (pas d’entrecroisement) que vous déclenchez par le quatuor des boutons d’action de la PSP, à paramétrer avant le combats dans le menu. Ainsi, tapez les quatre boutons en même temps, vous aurez un combo dévastateur, s’il réussit (timing et s’il n’a pas été bloqué) une fenêtre en temps limité arrive pour savoir qui balancera son attaque spéciale, pouvant aller jusqu’à avoir un combo d’une vingtaine de hits sans problème. Les combats sont très très dynamiques et ludiques, une simple pression permet d’attaquer des combos de folie.
Si, au début on le sent comme quelque chose d’impressionnant et « facile », le niveau va se corser et il faudra jouer un peu plus tactique, ne croyez pas qu’une simplicité d’utilisation va ennuyer. Vos points de compétences à répartir pourront être répartis au choix sur deux mécanismes défensifs automatiques (exemple : premiers soins), à des attaques optionnelles qui se feront automatiquement mais auront certaines conséquences (nouvelle attaque ou drainage par exemple) et enfin une attaque optionnelle manuelle que l’on déclenchera dans les combats en appuyant au bon timing sur le bouton gauche, ou le bouton d’action à répétition. Bref, c’est très vivant et personalisable, ainsi qu’indispensable pour les combats.
Un autre point, ce fameuses « skills » ou « techniques » ne s’obtiennent pas en évoluant niveau par niveau mais en récupérant des livres sacrés dans les donjons, qu’il faut lire pour apprendre. Du coup, impossible d’avoir des parties identiques tant les possibilités sont énormément variés et dépendant du hasard. En effet, l’ordre des combattants que vous rencontrez est le fruit du hasard.Faites deux parties différentes, vous n’aurez pas deux fois les mêmes équipes (sauf les deux guerriers par défaut dans l’intro).
Ce qui altère l’ensemble de vos façon d’attaquer. Toute cette subtilité est quasiment imperceptible jusqu’au chapitre 3 (ça passe vite, vous inquiétez pas) mais quand ça se corse, on y voit plus clair sur l’importance de tout cette avalanche de stats, de chiffres, de skills, d’armes aussi car des armes vous en aurez beaucoup, vous aurez même des épées qui découpent des dragons en un coup (très tôt dans le jeu) mais attention, beaucoup d’armes se brisent si vous les utilisez avec insistance.
Le système de combat est extrêmement fouillé sous ses airs de combos bourrins faciles à exécuter. et le tout nous empêche de nous ennuyer là où beaucoup de RPGs lassent à cause de leur monotonie d’action. De toute façon, de nos jours, le classique tour à tour est condamné depuis belle lurette, seul DQ fait de la résistance. En tout cas, avec un gameplay aussi poussé, le jeu était en avance sur son temps et on comprend donc qu’il fascine encore malgré son âge.
Une dramaturgie inédite
On finit avec le clou du jeu… Son ambiance, ses graphismes, sa musique, ses voix, son scénario, sa mise en scène… Ma-gni-fi-que ! La 2D de Valkyrie Profile opère encore sans problème en 2007 et nous laisse subjuguer par des décors mappés 2D extrêmement précises et évidemment crée par un design absolument passionnant. Et donc en plus des musiques orchestrales symboles de la puissance des dieux, on a droit à de merveilleuses cinématiques qui ponctuent des éléments-clés de l’histoire : sublime. Quand aux décors, des villes variées, souvent avec une architecture fine et impressionnante, comme une espèce de moyen-âge extravagant où peuplé par des êtres guerriers aussi nombreux que divers. Les guerriers des dieux, ceux qui sont morts en bataille et que Lenneth juge digne de se battre à Asgard sont les stars du jeu. Chacun à son histoire, ses caractéristiques propres que ce soit historiquement ou physiquement, on a affaire une galerie de portraits très détaillés et touchants qui fait la force de ce titre.
Lenneth est jeune Valkyrie, une déesse qui n’éprouve pas la pitié, qui est là pour récupérer des âmes comme on collecte des bonbons alors qu’on a sur terre en proie aux démons (sens propre comme au figuré) des hommes et des femmes qui se sont battus pour une cause noble (la majorité en tout cas) et qui sont morts pour elle. On passe d’un jeune guerrier naïvement patriote qui s’en va en guerre malgré sa fragilité et ose perdre sa bien-aimé, en allant vers une jeune fille qui rêve de retrouver ses parents malheureusement décédés mais qui, suite à un voeu malheureux perd aussi la vie, on va dans tous les sens, et chaque personnage a son lot d’émotions alors que vous (le héros/Lenneth/la déesse) êtes là à recruter des personnes et où l’on prend de haut avec froideur ces gens. C’est une relation entre le joueur/héros/compagnons d’armes très puissante par leurs grandes contradictions et leur rôle dans l’histoire bien que tous liés par la mort.
Et je ne vous révèle pas non plus la « recherche de soi » de Lenneth qui a perdu la mémoire en devenant Valkyrie qui va, soulever de belles intrigue. Un joyau dramaturge que l’on a rarement vu aussi poussé dans un RPG.
Valkyrie Profile : Lenneth nous a fait attendre et en contre-partie, on a découvert un RPG digne de figurer parmi les plus grands, encore aujourd’hui, son gameplay, son scénario et sa mise en scène unique surprendront ceux qui pensaient qu’un bon RPG se résumait avec une poignée de lettres telle FF ou DQ. C’est faux. Valkyrie Profile est accrocheur, novateur, surprenant, passionnant… Les superlatifs manquent tant le jeu est une grosse surprise. Sept ans et il nous surprend, c’est dire le manque de culture RPG que les européens ont et que l’on a osé ne pas distribuer ce jeu en Europe bien avant ça… Un RPG magistral.