GTA III HD ?Grand Theft Auto… Un jeu qui a fait du chemin. Qui se souvient avoir été fan du GTA en 2D sur PS ? Franchement, pas autant qu’à son passage 3D et qui est devenu avec San Andreas, le produit culturel le plus vendu en 2003 surclassant films DVD et Livres…
Désormais, on peut le dire haut et fort, on attendait plus grand chose de GTA… Enfin si, certains attendaient « du réalisme »… Mais un GTA réaliste serait-il encore un GTA moqueur du système américain et si décalé de la violence décriée par les moralistes de bas étage ?
GTA IV arrive et nous donne sa réponse.


Revenge is Revenge

Après avoir fréquenté quelques italiens et un lascar afro-américain, on passe à l’est, en Serbie. Serbie, pays de Niko Belic, immigrant clandestin qui a fait la guerre dans son pays et qui se fait chanté par son ancien boss…
Niko Belic veut vivre le rêve américain… Celui qui permet d’être libre, libre de toute la mafia, des horreurs de la guerre, bref, une vie de « peace and love »… Pour cela il compte rejoindre son cousin Roman Belic qui vit ce rêve depuis 10 ans et pour le cousin, rêve américain signifie « pognon, sex, appart’, et caisses » mais… Il n’a rien de tout ça. Le cousin s’est endetté au jeu, bosse comme un ouf dans une affaire de taxi et un tocard russe le fait chier pour se faire rembourser en draguant ouvertement sa fiancée.
Niko va vite se rendre compte que ce rêve n’existe pas… Ou en tout cas il vaut un sacré prix.

Niko est surtout là pour se venger d’un ancien camarade de guerre qui l’a trahi pour le camp adverse faisant alors d’innombrables morts, en attendant, il mettra à profit son expérience de guerre aux différentes familles : russes, italiens et irlandaises, découvrant un monde plus pourri que de l’autre côté de l’Atlantique car bourré de traitres et de trompe-l’oeil.

D’emblée, Rockstar joue carte sur table et on sait que la belle Amérique va s’en prendre plein la tronche, on assiste à une critique acide (mais dénué de subtilités) du monde libre dont rêvent beaucoup d’étrangers. L’American Way of Life a toujours été pointé du doigt dans GTA mais toujours indirectement, c’est à dire que la critique était là mais n’a jamais été « le » message du jeu. Avant, on avait une fiction teintée de critique. Ici, les deux font la pair. On rentre donc dans un univers plus « réaliste » tant attendu par certains jeunes joueurs et le danger est de perdre cette excentricité propre à la série.

Le détail qui tue

Passage aux consoles HD oblige, le jeu devait assurer techniquement et nous foutre une claque… Rooh putain c’est réussi !
Liberty City ressemble de plus en plus à New-York avec son centre lumineux, gigantesque, embouteillé, mais aussi ces quartiers plus modestes, comme le Bronx ici renommé « Broken », tout ça fourmille de vie, avec énormément de personnes différentes (en tout cas l’illusion est là), de caisses qui roulent qui s’accidentent, le jour qui se lève, se couche, qu’il pleuve ou qu’il vente, tout ça est d’une précision incroyable, surtout quand on revient aux derniers GTA qui devenaient « grossiers »…
Une chose incroyable dans ce jeu, c’est la gestion des collision tout bonnement bluffante. Bousculez un type , il laissera tomber son paquet, va trébucher, tomber, s’écarter, te courser, rentrez lui dedans en voiture, il descendra de sa caisse, tout ça fourmille de vivacité avec un naturel ébouriffant.
Quand on pense qu’Ubisoft vantait sa gestion de collision dans Assassin’s Creed avec trois pauvres péquenauds dans un couloir en forme de rue… Ici tout est naturel et toujours avec forte crédibilité et surtout diversité d’animation.
Quand aux voitures, la gestion y est plus poussé avec une déformation en temps réel et sans accros, phrases brisés, par-choc défoncé, écrasez les passant et ceux-ci s’étalent sur votre par-brise et sont basculés à l’arrière, sur le côté, etc etc.
Percutez un arbre à grande vitesse, vous serez éjecté au loin à travers votre voiture et encore il faut avoir la chance pour ne pas faire rouler dessus à l’atterrissage car on est pas mieux loti que les passants… Ce gros travail d’animation est certainement la clé réaliste du jeu, c’est incontestable.

Graphiquement, tout ça est évidemment bourré de belles textures, on connait la chanson maintenant, mais il y a toujours ce gros travail lumineux et rend tout le décor particulièrement beau. C’est simple, au début du jeu, à l’instar de notre héros, on découvre la ville comme un touriste à regarder tout autour de nous avec émerveillement…
Mais on appréciera beaucoup que la modélisation des personnages ait gardé un côté caricatural. Si la représentation des persos principaux est « réaliste », leur design garde ce côté décalé propre à la série avec un nez, des pommettes et joues creuses exagérés pour Niko, une bonne bouille pour Roman, etc. Et franchement, tant mieux car ça permet de garder un bel équilibre et de ne pas se prendre au sérieux.

Quant à la bande-son… Pfff que dire ? Parfait ? Pas très loin. Comme d’habitude, les radios sont exemplaires avec du rock, du reggae, du jazz, du hip hop, du hardrock, de la musique russe, de l’electro, etc. Tous de bonne qualité avec des grands noms comme un spécial Bob Marley à qui on a consacré toute une radio, on a aussi du Iggy Pop, du Miles Davis, du Genesis ou même Jean-Michel Jarre. Enfin bref, on va pas tous se les faire, c’est du RAS là dessus.
Quand à la qualité des dialogues, c’est toujours aussi croustillants avec des personnalités bien fortes et doublé avec exemplarité. L’accent russe de Niko lui donne un gros charisme (attendez de le voir énervé), les mafieux italiens qui se la jouent comme c’est pas permis avec des « tac tac » « tic tic » et « toc », palme à Brucie pour le personnage le plus débile et hors-norme de l’épisode (voir même de la série), enfin tout ça est interprété avec justesse et donne un univers encore plus fort et prégnant qu’auparavant.

GTA rime avec bugs ?

GTA bugué ??? Naaaaan, à peine… Mais cet épisode n’est pas bugué en fait, pas de baisse de framerate, juste un petit freeze après plusieurs heures intensifs, rien de méchant. Tout ça est très fluide et c’est donc une très bonne optimisation sur PS3.
Nan mais il y a un autre défaut un GTA, c’est son manque de précision global. Dans cet épisode, la visé a été totalement revu avec un lock associé à une vue à l’épaule : perfecto.
Le lock peut aussi être réajusté pour les headshots aussi, on aura évidemment du manuel m’enfin ce n’est pas très conseillé mais ce qu’il se passe dans cet épisode c’est que beaucoup d’attaques s’effectuent dans des espaces étroits. Que se passe t-il dans un espace étroit ? La caméra se place mal donc le temps de la replacer, de viser et de se couvrir, on a vite fait se faire plomber. Et il arrive encore souvent qu’à cause d’une caméra mal placée on doive se refaire la mission…
Ou alors, vous voulez balancer une grenade mais pour une raison x, elle atterri à vos pieds…
Il y a aussi les voitures et motos qui détruisent des poteau électriques mais qui font des bonds de 15 mètres avec le rebord d’un trottoir… Ce dernier cas de figure vous fera criser plus d’une fois, surtout quand vous aurez une poursuite avec visée libre, ce qui inclue concentration sur la visée mais aussi la route…

Malgré tout, on pardonne ces lacunes propres à la série… Parce que le reste de la jouabilité brute colle incroyablement bien. Désormais, vous vous mettrez à couvert avec R1 pour fusiller comme un TPS, c’est donc bien plus pratique, maniable et… plus facile que de se pointer en siffloter à découvert. Le jeu a subi quelques changements, comme les voitures qui se conduisent aux gâchettes, il faudra d’ailleurs se faire aux voitures qui sont plus lourdes à conduire, et on s’y fait. Mais on pestera devant tant de manque d’équilibre.
Niko peut désormais passer bien plus d’obstacles que ces compères Tommy et CJ, ce qui est tout de même plus appréciable, tout ça à l’aide du bouton carré et donnant alors plus de liberté pour dénicher des raccourcis par exemple. On aura aussi droit à des courses poursuites sur les toits grâce à ça, du plus joli effet.
Autre nouveauté mais que vous découvrirez plus tard, c’est qu’on vous demandera de faire des choix cruciaux qui consisteront souvent à décider de la mort de quelqu’un… Choix souvent impitoyable, car je vous donne un exemple : tuer un ami pour 25 000 dollars ou gagner un ami dépressif en tuant l’enfoiré qui veut le faire taire ? Ceci donne un cachet plus personnel et immersif au jeu… Vous verrez que la fenêtre d’information tutorial pour votre premier choix vous affirmera que cela n’aura pas de conséquences… Mais ça, c’est au début, ensuite les choses prennent des tournures plus sérieuses et cela prend vraiment aux tripes !
Un GPS est désormais présent sur toutes les voitures et devant cette immense ville, c’est bien plus simple car vous vous perdrez plus d’une fois sans ce gadget…
En fait, GTA, avec l’ajout de quelques détails, possibilités et une remaniement de la visé devient plus simple… Trop ?

Elle est courte mais elle est bonne

Cet épisode manque curieusement de diversité… La majorité des missions se ressemblent et si ce n’est pas une fusillade, c’est une course-poursuite (quand ce n’est pas les deux). Tout ça manque un peu de folie, il est où le temps où tu devais conduire des mini-avions téléguidés pour faire exploser sur des bateaux chargeant de la dope ? Il est où le temps où un psychopathe te demandait de tronçonner une balance ? Pour le coup, « plus réaliste » a fait perdre de la variété.
On pestera aussi devant le manque d’activités extra-missions… Avant, tu pouvais t’acheter des bâtiments, des business, être librement pote avec des gangs, aller faire du sport, là tu ne peux que faire des sorties avec des potes, c’est à dire tu les appelles pour les inviter à manger, boire ou aller faire un jeu de bowling, fléchettes ou billard. Dans ce dernier cas de figure, vous y jouez réellement, mais sinon ce n’est qu’un aller-retour… Bon j’avoue avoir un faible pour conduire bourré… La vision se trouble, tangue, vous n’arrivez plus à marcher droit, votre manette vibre, c’est drôle et vachement bien foutu… M’enfin, on aurait pu varier ces activités.
Par ailleurs, niveau fringues et personnalisation diverse ce n’est pas non plus super diversifié, c’est le ba-ba quoi : minimum syndical.

Ca, c’est un vrai point faible. Le deuxième point faible est que le jeu se termine en 30H… C’est vraiment peu pour un GTA (c’est toujours plus que les jeux de 6H du XXIème siècle mais bon, il n’y a aucune comparaison à faire). Evidemment « se termine » veut dire avoir terminer toutes les missions, pas les petits bonus à côté, mais étant donné le manque de bonus justement décrit plus haut… Bah ça va très vite.

A plusieurs, c’est mieux ?

Enfin, on passe au mode en ligne. Le challenge et plaisir sont carrément différents puisque l’unique but sera de… s’éclater comme des porcs et à faire le con dans la ville. On a plusieurs modes de jeux qui va du deathmatch ou au gendarmes et au voleur ou à la course voiture ou bosser pour la mafia et exécuter le plus de contrats, etc. Dans tous les cas, il n’y a pas de restriction : c’est la même ville et la même affluence, c’est donc un énorme terrain de jeu à multi sans limite (ou presque : essayez d’aller nager en direction du nord). Le fun est naturellement présent et n’a pas d’autres prétentions que ça. Il faut savoir qu’il n’y a pas un pet de lag, tout est fluide, ce qui calme pas mal, certains éditeurs-développeurs devraient en prendre de la graine.
Rockstar a eu plusieurs problèmes de serveurs au tout début, oui car ils n’ont pas quelques milliers de testeurs sous la main… Mais sinon, l’accès y est très simple, depuis le jeu solo avec son téléphone (ah ouais vous avez un téléphone maintenant, mais bon on va pas détailler le jeu, c’est impossible), on sélectionne son mode et une partie est générée, d’autres s’incrustent et vous pouvez inviter vos potes.
Donc au final, en multi, GTA sera le gros défouloir pour déconner sans se prendre la tête, surtout si vous avez fini le solo, ça aidera pour rehausser la durée de vie.

Que conclure de ce GTA IV ? Et bien, il n’empêche qu’il y a un goût amer au final… Ce goût c’est le manque de diversité des missions, sa durée de vie bien plus courte que les autres épisodes, son manque d’activités en dehors de l’histoire, tout ça retire pas mal de plaisir… Quoi de plus naturel de se détendre après une mission difficile ? Mais là c’est un peu biaisé…
Ceci dit, d’un autre côté, on a gagné un plaisir de jeu incroyable grâce au réalisme des animations et des comportements mais aussi à sa jouabilité bien plus appréciable (malgré encore quelques accros). On peut dire que GTA passe le cap de la génération HD avec brio mais a sacrifié un peu d’extravagance… On verra si ce sera rattrapé avec hmmm allez, GTA : Vice City 2 ?
En tout cas, le jeu met une claque à beaucoup beaucoup de jeux, sa gestion des dégâts rivalise sans problème aux jeux de caisse existant, la gestion du comportement des PNJ est tout simplement unique comme on l’a bien dit en haut et son système de jeu en mode « shoot » explose un certain Kane & Lynch dont une mission est à peu de choses près exactement identique au soft de IO Interactive… En plus excitant, ahem, on ne saura jamais si c’était un clin d’oeil ou autre. Bref, GTA assure sur énormément de points par rapports aux autres jeux, tous confondus mais a perdu un peu d’inventivité par rapport aux autres GTA.
Verdict
+ Les plus- Les moins+ Une ville extrêmement vivante
+ Un scénario plus poussé et personnel que les autres
+ Jouabilité nettement améliorée
+ Bande son parfaite (ou presque)
+ Lot de sensations fortes
+ Multijoueurs stable et sans lags
+ Conduire bourré…- Manque de diversité
– Perte d’extravagance
– Court pour un GTA

Le mot de la fin

Malgré des points négatifs, il faut reconnaitre que cet épisode tape très fort, que ce soit dans la technique, dans le scénario plus réfléchi que d’habitude, dans sa jouabilité bien repensé, par ailleurs, le jeu ne souffre d’aucun bugs, ni même de chute de framerate, ce qui est vraiment étonnant pour un jeu de cette trempe, et en plus sur cette génération de consoles où on ne sait plus optimiser…
On ne peut qu’applaudir le gros travail fourni.
Il faut aussi savoir que le jeu regorge de plein de petites nouveautés, subtilités de gameplay qu’on ne peut écrire sur l’article, il faut garder de la surprise et c’est aussi ça un GTA, plein de petits détails qui font qu’on a là un gros gros jeu vidéo.